"Pour l'enfant autiste le contact physique est insoutenable"
INTRODUCTION
L'autisme: des problèmes de classification.
Il est souvent classé dans les TED (troubles envahissants du développement) dans la CIM-10 (OMS) et le DSM IV.
L'autisme est une forme de psychose précoce pour la CFTMEA (classification française des troubles mentaux de l'enfant et adolescent).
5 enfants sur 10000 sur le plan statistique et 2 garçons pour une fille.
I. Caractéristiques générales
Les angoisses auxquelles sont confrontés l'enfant autistes sont primitives : angoisses d'annihilation (néant, non existence, désintégration).Des angoisses d'anéantissement propres aux psychoses...
Les défenses utilisés contre ces angoisses sont l'agrippement adhésif (on verra plus tard) ou « collage » et le démantèlement (une forme de clivage).
On décrit la symptomatologie de l'autisme sous 4 rubriques...
• L'isolement et le retrait:
- L'enfant paraît ne pas entendre, ne pas voir, une pseudo surdi-cécité (c'est souvent le motif de la première consultation chez le pédiatre). Le regard est périphérique (perçoit en regardant sur les côtés et regarde à l'horizon et donc « traversant » ou s'il regarde en face c'est furtif). Un strabisme (convergeant ou divergeant) sans étiologie organique est fréquemment observé. Ca lui floute l'environnement il vise à ne pas focaliser on pourrait considérer cela comme mécanisme de défense. L'enfant évite le regard de l'autre. Il arrive parfois qu'il s'attaque violemment les yeux à coup de fourchettes, stylos pointus. Donc un regard hésitant dur à maintenir.
- Un désintérêt à l'égard des personnes (adultes comme enfants), il se comporte comme si les autres n'existaient pas, tout au plus il peut s'intéresser à une partie du corps de l'autre, un détail de l'autre c'est le démantèlement (perception découpée de l'autre). Les boucles d'oreilles suscitent un intérêt angoissant car « ça rentre et ça fait un trou »... par lequel il n'y a pas d'hémorragies. Cf: Didier Anzieu le « moi peau », une métaphore de l'enveloppe psychique, premier contenant de l'enveloppe interne. Ces enfants ont une défaillance de ce moi peau, ils tentent parfois de la déchirer. Un refus du contact net avec l'autre. Si on essaie de le forcer ça peut provoquer des crises de rages, d'angoisses, de panique. Pour lui ce sont des intrusions au corps.
- Une absence de manifestation affective (un visage impassible, de plus l'enfant ne rit pas, ne pleure pas ou ça peut être discordant). Aussi on décrit une insensibilité à la douleur. Derrière ce tableau de froideur on va retrouver crise des « tempertantrum : crises de rage-angoisse où l'enfant doit être contensé car il peut se faire mal et aux autres.
- A l'égard des objets il a un intérêt compulsif non pas pour l'usage de l'objet ou dans un sens symbolique mais pour la manipulation, les sentir, les faire tourner (une vrai prédilection pour les objets tournants: « le monde tourbillonnant de l'autisme ». La forme est apprécié, la texture, la température, bref ses qualités sensorielles, et on décrit un comportement particulier le signe du « cube brulant »: il avance sa main pour saisir un objet et la retire au dernier moment comme si c'était brûlant.
• Le besoin d'immuabilité: Un besoin impérieux et tyrannique de l'autiste de maintenir l'environnement immuable, de le restituer s'il est modifié ainsi la permanence et la stabilité des repères vont faire l'objet de vérification diverses plus ou moins ritualisées. Ce qui est dur à la maison...ou à l'hôpital. C'est comme si l'enfant voulait annuler la temporalité et rester dans le présent immédiat immuable. Dans le cas où cela n'est pas respecté on a droit à des crises de rages. Ils ne supportent pas les objets cassés car il « manque » quelque chose.
• Les stéréotypies:
- Gestuelles : répétitions de mouvements des mains ou des doigts sous forme de tapotage de battement, mais aussi des bras (battements d'ailes) ou rotation de l'enfant sur lui-même. Tout ça c'est de l'autostimulation sensorielle. Des balancements divers (d'avant en arrière...). On note parfois des activités plus complexes comme vérifications complexes des trous d'une pièce, fermeture des angles. Mais aussi une ritualisation alimentaire, et autour des toilettes ils ont peur quand la chasse emporte l'intérieur de leurs corps (angoisses de liquéfaction). Aussi rituels d'habillages, vérifications constantes des fermetures, des boutons. Pour eux les habits sont comme une deuxième peau, ils mettent les habites serrés pour sentir la peau.
- Verbales: elles sont constante quand l'enfant a un langage.
• Les troubles du langage:
- L'enfant n'a pas de langage et n'émet pas de sons
- Il marmonne ou jargonne la « mélodie » du langage mais ça n'a aucune signification.
- L'enfant a un langage mais qui a peu ou pas de valeur de communication, l'écholalie est fréquente, elle est souvent pour soi, ou alors psittacisme. L'usage de la voix peut être très aigüe ou très grave (la « voix psychotique »). Il y a souvent difficulté/incapacité à utiliser correctement les pronoms personnels (ex: « je » à la place de « tu » et vice versa). L'enfant peut coller à la surface des mots c'est à dire indépendamment du sens des mots: le mot est choisi pour sa prosodie, sa qualité physique..
II. Différentes formes d'autisme
• L'autisme de Kanner (ou autisme infantile précoce), qui débute la première année et le tableau clinique est manifeste.
• Le syndrome d'Asperger, une forme d'autisme sans retard cognitif ni du développement du langage. Les autistes de « haut niveau ». L'enfant présente des capacités surdéveloppées dans certains domaines (mémoire, calculs) mais elles restent isolées de l'ensemble du fonctionnement psychique et sont bien souvent inadaptées.
• L'autisme secondaire régressif: après une période de développement « normale ». Dans la deuxième année débute un autisme régressif. Cette forme secondaire est de l'ordre des psychoses précoces. Ca se réfère à des aspects autistiques secondaires qui vont apparaître dans l'évolution de troubles psychotiques précoces initialement non autistiques. Le développement « normal » n'est « normal » qu'en raison du déni parental.
III. Approche psychanalytique de l'autisme et des psychoses infantiles
L'autisme est très controversé
On parle d'une causalité psychogénétique au sens où Freud le décrivait. Ou certains d'une causalité organique. Parfois ça s'oppose, parfois ça s'entend. La guerre interminable (et absurde: touche perso) des neurosciences et de la psychanalyse...
Pour la psychanalyse ce sont les théories de Tustin et Meltzer qui prévalent à partir de M. Klein et Winnicott.
• Klein est la première a avoir décrit des phases psychotiques précoces communes à tout les individus. C'est à dire que tout individu traverserait ça dans son développement (position schizo-paranoïde du premier semestre puis position dépressive).
Pour Klein l'étiologie de toute psychose infantile est à rechercher dans une fixation pathologique à ces phases psychotiques précoces.
Cette fixation ne permet pas alors l'accès à la phase dépressive. Entre la position schizo-paranoïde et dépressive (névrotique) la fixation limite.
Depuis Klein on décrit une phase autistique qui correspondrait au premier semestre avant la phase schizo-paranoïde.
• Tustin: Pour elle, une rupture trop précoce de la continuité entre la zone orale du bébé et le sein maternel (vécu comme prolongement de soi donc non distinct du self du bébé) serait responsable de la « dépression psychotique ».
Un sentiment trop vif et précoce de la séparation maternelle aurait crée un trou noir effrayant dans lequel serait aspiré l'autisme.
Tustin: « le livre noir de la psyché » (Livre de poche).
La défense de l'enfant va être de tentée de compléter son corps avec des objets inanimés (autistiques) pour nier la discontinuité entre lui et l'autre. C'est « l'illusion autistique ».
Cette séparation faisant un arrachement brutal créant un trou noir dans lequel on peut se dissoudre expliquerait les angoisses d'anéantissement. C'est vécu comme une amputation de la bouche (voilà pourquoi ils l'attaquent: ils essaient de boucher les trous naturels).
La non sphincterisation » de la bouche (elle ne se ferme pas).
2 modes de défense pour se protéger de cette dépression psychotique:
- soit la constitution d'une carapace psychique (les enfants psychotiques à carapace). Cette constitution serait une réaction par lequel le monde extérieur (le non soi) est exclut.
- soit on observe la confusion moi/non moi et elle va parler d' "enfants confusionnels".Le monde extérieur n'est pas rejeté mais il est brouillé.
Les premiers sont « durs » les seconds sont « mous ».
les enfants à carapaces ont une prédilection pour les objets durs et les seconds les mous..
Dans les deux cas la séparation entre le self et le non soi qui est niée.
IV. Les autres psychoses précoces en dehors de l'autisme
On va en décrire 3 types:
• Psychoses symbiotiques (M.Malher): dans sa théorie elle distingue une phase autistique, symbiotique puis séparation-individuation. Ces psychoses sont dues à un développement pathologique de la phase symbiotique. Le tableau clinique est marqué par des angoisses de séparation majeures. Les séparations vont déclencher des crises de rages désorganisatrices (morcellement). La séparation est vécue donc comme un arrachement d'une partie du corps et traduit l'écrasement du moi fragile de l'enfant. Réactions de paniques, d'effondrement de rage ainsi que d'auto et hétéroagressivité La relation à l'objet est caractérisé par l'intrusion et l'hyper-pénétration qui vont alterner avec des moments de fuites et de rejet. C'est à dire à la fois l'enfant essaie de rentrer dans l'objet, dans l'autre (dans la mère) et à la fois il rejette l'objet. La relation est marqué par un collage tyrannique associant symbiose et destructivité. A la fois on aune panique de séparation insoutenable et à la fois une crainte de ré-engloutissement par l'objet symbiotique. Cliniquement ça se traduit par ce comportement typique de l'enfant qui repousse et s'accroche. L'apparition du syndrome est souvent tardif (bien qu'on reste dans une psychose précoce) mais ça ne s'est pas traduit avant car il n'y a pas eu de réelle séparation. A ce moment les expériences de séparation: c'est le délire de la toute puissance symbiotique qui va s'effondrer.
• Psychoses à carapaces et confusionnelles (Tustin)
• Psychoses précoces déficitaires (Mises): elles sont uniquement isolées par le fait qu'un aspect déficitaire majeur se trouve au premier plan (déficit mental principalement). Une remarque là dessus c'est que c'est le risque majeur d'évolution de toute psychose précoce. Ces formes déficitaires sont des formes graves de psychoses précoces.
Psychoses à expressions tardives: dites aussi de la « seconde enfance », elles apparaissent après 5-6 ans jusqu'à la pré-adolescence (on les appelle aussi psychoses de la latence en raison de la période à laquelle elles surgissent). Un premier moi s'est ici constitué, les enfants sont parvenus à élaborer et maitriser le langage, leur intelligence est souvent normale et leur adaptation satisfaisante. Cela pose la question de la schizophrénie infantile. On parlera aussi de psychose « désintégrative » ou « délirante » de l'enfance. Ces formes-là ont une forme évolutive au long cours. Souvent elles débutent par un épisode aigu et dans le tableau domine la dissociation, la discordance, les angoisses psychotiques, le retrait et la perte rapide des capacités adaptatives. Enfin le délire est présent et prend souvent la forme d'idées persécutoires, de transformations corporelles, ou encore de phobies étranges...