Le concept d'Acculturation désigne l'ensemble des mouvements que le sujet humain effectue pour passer de la "nature" à la "culture" ou en gros comment il s'humanise.
Avant d'aborder le sujet, il faut préciser que la psychologie clinique (en Françe du moins), à l'instar des autres psychologies (cognitive, expérimentale, différentielle, développementale...) n'est pas une psychologie positive (disons "scientifique" pour simplifier). Ici on ne trouvera pas de résultats expérimentaux ou de statistiques pour démontrer les concepts.
Car l'objet d'étude ici, c'est le sujet humain dans son infinie singularité et sa propre histoire, et que l'on ne peut objectiver.
Tout épistémologue peut comprendre cela! Personnellement bien qu' étant un adepte de la biologie évolutive et du Darwinisme je ne peux que m'y plier!
D'abord la théorie:
Voyons les caractéristiques du petit d'homme à sa naissance: Sa prématurité est bien plus importante que n'importe laquelle des autres espèces animales.
- IMMATURE: Il ne peut quasiment rien faire, dire, vouloir, être. Il ne voit pas, entend mal, a une motricité rudimentaire, communication grossière... Les seuls trucs qu'il puisse faire c'est quelques schèmes archaïques (téter, refermer la main, réflexe ATRN etc...)
-INDIFFERENCIE: Il n'est pas encore "somatisé", il ne possède pas la "reconnaissance de soi" (concept en psycho développementale)
-DEPENDANT: Bon ça, pas trop compliqué à comprendre...
- PULSIONNEL: Il recherche le plaisir immédiat; ne peut pas suspendre l'exigence de satisfaction. Réponds tout de suite aux besoins de l'organisme n'ayant pas la possibilité d'attendre, de choisir, vouloir ou s'abstenir...
Pour passer de l'état "animal" à l'état "sujet humain" vont s'opérer quelques transformations:
- De l'immaturité il va passer à la maturité dans un mouvement de MATURATION
- De l'indifférenciation il va passer à l'identité dans un mouvement d'IDENTIFICATION
- De la dépendance il va passer à l'autonomie dans un mouvement d'AUTONOMISATION
- De la pulsionnalité il va passer à la socialité dans un mouvement de SOCIALISATION.
L'ensemble de ces 4 mouvements ou processus c'est ce qu'on pourrait appeler son ACCULTURATION (dans le sens où il doit s'approprier la culture humaine et surtout le langage). Et ce sont ceux qui vont rendre compte de son HUMANISATION.
Donc c'est en s'acculturant que le petit d'homme s'humanise!
Ma "reflexion" proprement dite sur l'acculturation (quand je dis "ma" c'est à dire les mêmes questions que je me pose d'après mes lectures que ceux et celles qui se les sont déjà posés:
1>- Ne pourrait-on pas dire qu'en s'appropriant la "culture", il la transforme (à l'échelle microscopique) lui-même?
2>On pourrait donc définir l'aboutissement du processus de développement comme maturité, identité, autonomie et socialité états où l'homme exercerait pleinement sa nature culturalisée.
Mais voilà le problème:
Comment définir la maturité de l'homme adulte? Comment délimiter son accès à une potentielle identité? Quand et comment établir son autonomie ou un degré accompli de socialité?
Ces beaux termes utilisés dans la pratique ne renvoient pas à quelque chose de défini, et qui serait censé être la "normalité" de l'homme! D'où les problèmes que les concepts de "normal" et "pathologique" peuvent poser...
Je renvoie à Faire des adultes (de Paul A.Osterrieth) dont je m'inspire beaucoup en écrivant ces lignes...
En gros il explique qu'aucun homme ne peut correspondre à cette description idéale de l'adulte mûr, autonome, identifié et social. L'homme "normal" quoi.
Certes en s'autoformalisant pour passer de la "nature" à la "culture" l'être humain s'humanise mais il rentre aussi dans une profonde histoire individuelle (et collective au passage) qui fera que aucun être humain ne ressemble à un autre!
Une phrase qui pète bien (je vais l'apprendre par coeur pour la ressortir, ça va faire intelligent ^^) :
" On ne passe pas, quoi qu'il en soit de tous les transformismes et de toutes les anamnèses, de l'animal à l'homme; on en assume quotidiennement la permanente contradiction" C'est une phrase de Gagnepain sélectionné par Paul A.Osterrieth dans son livre.
Autrement dit (pour expliquer sa fameuse phrase), on ne passe pas de la nature à la culture, "pouf" d'un coup! On est engagé et on s'engage dans un processus d'assomption de son animalité et de son humanité dans une histoire bien individuelle (quoique aussi collective) dont les résultats sont absolument aléatoires et souvent imprévisibles.
Donc pour conclure je dirais qu'un homme "normal", si l'on se rattache à cette définition de par le concept d'acculturation, n'existe pas!
3> Cette "construction" échappe à la psychologie behavioriste (disons les comportementalistes dont je fais un peu partie). Car l'autoformalisation (toujours dans le processus d'acculturation) ne semble pas répondre à des déterminismes externes ou bien internes uniquement.
L'individu s'autodétermine, il est paradoxalement obligé de le faire (en assumant les contradictions qui le conditionnent, son animalité et sa culturalité). Son histoire répond au principe de la "causalité psychique" par lequel s'élabore une réalité et une histoire psychique singulières à partir des matériaux qui nous sont fournis.
Cette "causalité psychique" n'est pas observable telle quelle, ses effets se manifestants de façon singulière et individuelle (subjective donc). Les effets de cette causalité deviennent eux-mêmes la logique d'autoformalisation.
*** Cette logique semblerait être celle du sujet humain***
CONCLUSION
Ce passage de la nature à la culture, toujours en train d'être fait et refait à tout moment, est traité aussi collectivement dans une histoire sociale. Il est constamment élaboré "mythiquement" et "rituellement", constituant ainsi la réalité sociale, comme, individuellement, il constitue la réalité psychique (élaborée fantasmatiquement et corporellement ou personnellement). C'est comme s'il s'agissait d'une initiation qui ne s'achève jamais. C'est pourquoi tous ces mouvements, à partir de notre état naturel, sont toujours "suspendus" sans jamais aboutir...